Visite de l’Écoquartier Georges Othily par la Ministre de la Transition Écologique
03 Fév 2022
Mme Barbara Pompili, Ministre de la Transition Écologique, a visité hier l’Écoquartier Georges Othily à Rémire-Montjoly, Guyane, en compagnie du maitre d’ouvrage, de M. le Maire, et des acteurs de la réalisation du projet.
MOE : Marniquet Aubouin, Détails paysage, Safège Suez Consulting | MOA: EPFAG |Entreprises : Ribal TP, Getelec, Axvert



Avant d’être aménagé par l’EPAG pour devenir un quartier paysage de Rémire-Montjoly, le site de l’Ecoquartier Georges Othilly faisait déjà pleinement partie de la ville : de son histoire inscrite dans les chemins qui le traversent pour rejoindre l’ancienne exploitation Vidal ; de son quotidien par la fréquentation des grands équipements scolaires et sportifs qui avaient trouvé leur place à ce croisement des axes majeurs de l’île de Cayenne.
L’Ecoquartier Georges Othilly a été conçu pour valoriser ce qui lui pré existait : une série de petits monts émergeant de zones humides, créant une topographie relativement marquée pour le littoral guyanais et favorablement ventilée, en voisinage des grands paysages du littoral et du fleuve, parcouru au quotidien
par des lycéens et des sportifs.
Nous nous sommes attachés à proposer un projet urbain qui permette à la fois de tisser du lien dans la ville existante mais qui pose aussi les principes d’une urbanité guyanaise singulière et généreuse. A ce titre il était important pour l’ensemble des
acteurs du projet de ne pas chercher à reproduire les ‘clichés‘ de l’aménagement urbain métropolitain, mais de concevoir un quartier répondant à sa situation climatique et qui définisse sa propre esthétique à travers les réponses apportées aux usages et besoins de ses habitants et selon les savoirs faire locaux.
Comment favoriser les déplacements doux à l’intérieur du quartier quand la culture de la voiture individuelle est très présente ? Comment développer un maximum de fraicheur au cœur des îlots de logements ? Comment laisser des espaces dans le projet urbain pour l’appropriation ultérieur par les habitants ? Où mettre l’argent quand on aménage des espaces publics qui seront soumis à un régime des pluies qui limite la durée de vie des matériaux ?
Nous avons proposé de répondre à une grande partie de ces questions en donnant une large place au paysage, et ce à toutes les échelles du projet urbain (noues, jardins publics, bassins plantés, lisières forestières, coeur d’îlot arborés, bande jardinière devant les bâtiments). Autant d’espaces pour gérer l’interface avec la forêt, limiter l’imperméabilisation des sols, créer de l’ombrage dans les espaces publics, installer des filtres de vues et d’intimité pour les logements. Retrouver dans la ville l’exubérance de la forêt, la qualité de lumière des layons dans les rues partagées.
S’INCRIRE DANS LA TOPOGRAPHIE ET LE PAYSAGE
Le projet global est articulé de manière à respecter au maximum la topographie du site. Les jeux de déblais remblais sont minimalisés pour limiter les mouvements de terre et les mises en décharges.
La construction de ces coteaux s’accompagne de la mise en valeur du paysage des zones humides, avec notamment la création de grands bassins paysagers dans les parties basses du site, qui installent une interface qualitative avec les milieux humides adjacents.
Trois jardins publics sont aménagés aux sommités des coteaux, préservant la végétation existante et ouvrant les vues sur le grand paysage.
De manière générale, la palette végétale du projet est pensée comme une déclinaison des essences présentes sur le site. Nous nous sommes souciés de fabriquer rapidement un paysage utile en installant des essences à pousse rapide dans les espaces publics pour créer l’ombrage qui favorisera la croissance plus lente
des essences patrimoniales qui remplaceront progressivement les premières.
DÉVELOPPER UNE URBANITÉ GUYANAISE
L’Ecoquartier Georges Othilly porte une programmation mixte constituée de logements, d’équipements scolaires, de commerces et d’activités.
Pour atteindre le sentiment d’urbanité il a fallu chercher à se rapprocher des densités des bourgs. A ce titre les bâtiments, sans être très hauts, s’élèvent le long des voies principales et abritent des activités et commerces en rez-de-chaussée au droit des carrefours du quartier.
La topographie du site est utilisée pour dégager les cœurs d’îlot de la présence voiture et favoriser des jardins de fraicheur : une partie des constructions s’installe sur pilotis au-dessus des stationnements, ce qui permet de dégager des espaces de pleine terre importants dans les emprises privées.
Les préconisations urbaines et architecturales soumises aux opérations immobilières visent à développer :
– un tissu fondé sur une structure parcellaire lisible et différenciée permettant le développement d’une diversité de types et d’échelles résidentielles dans le quartier : c’est cette structuration foncière qui permettra à terme l’évolutivité du quartier et
donc sa durabilité.
– une mixité de typologies d’habitat et d’architecture à la parcelle, mêlant petits collectifs, logements individuels et intermédiaires – un tissu adapté à la topographie avec des contraintes de fortes pentes, en jouant avec les dénivelés pour permettre l’intégration du stationnement résidentiel sous bâtiment et favoriser
ainsi le développement paysager des emprises extérieures.
– une architecture en phase avec les enjeux environnementaux, énergétiques et bioclimatiques.
LA FABRIQUE DU PAYSAGE URBAIN PAR LE CHEMIN DE L’EAU
L’eau dessine le projet et les espaces publics du quartier. La mise en scène de la réception des eaux dans des noues et des bassins de stockage caractérise l’esprit du quartier : tout est visible, facile d’accès et d’entretien. Ce chemin de l’eau dessine le
chemin du paysage qui permet de tenir l’objectif de confort des espaces publics.
Nous mettons en exergue de la conception des espaces publics la sobriété des aménagements : proposer des lieux de vie, appropriables par les usagers et donc de ne pas surdéterminer les espaces publics par des articulations savantes.
Il s’agit de limiter les espaces publics à leur juste nécessité en emprise et à leur juste fonctionnalité : marcher au sec, la tête à l’ombre, se rendre chez soi, à l’école ou au commerce simplement, croiser ses voisins.
Les espaces publics viennent de ce qui est déjà présent sur place :
– les jardins s’installent dans les lieux boisés, avec la conservation des arbres intéressants et la constitution d’une lisière qualitative entre le quartier et la forêt conservée.
– utilisation de la latérite (béton latéritique, gravillons) pour maintenir la présence de sa couleur caractéristique dans les sols
– utilisation de bois local pour le mobilier urbain et les mats d’éclairage

